Les multiples contextes de la signification du 9 novembre dans l’histoire allemande reflètent également, dans leur ensemble, le déchirement historique et la part de responsabilité de l’Europe. C’est pourquoi, pour les survivants de l’Holocauste, le 9 novembre est une journée de commémoration tant allemande qu’européenne qui, en ces jours, met en lumière outre la commémoration de l’horreur du 9 novembre 1938 la crise actuelle de l’Europe.
Les survivants de l’Holocauste, membres du Comité international d’Auschwitz, observent avec consternation et une vive inquiétude la manière fortement populiste dont le climat d’opinion, non seulement en Allemagne mais également dans de nombreux autres pays européens, s’est envenimé en s’imprégnant de haine. Que cette haine, qui leur est terriblement proche en raison de leur histoire, s’empare une nouvelle fois de l’Europe, du temps de leur vivant, est tragique pour eux et les emplit d’une profonde tristesse.
À ce propos, Christoph Heubner, le vice-président exécutif du Comité international d’Auschwitz, a souligné à Berlin :
« Les survivants des camps de concentration et d’extermination allemands observent avec la plus grande attention l‘évolution actuelle en Allemagne et en Europe. Il est absolument alarmant pour eux de constater que des extrémistes de droite et des adversaires de la démocratie se sont infiltrés dans de nombreux domaines de la société, dont même celui de la police. C’est pourquoi ils sont reconnaissants de l’attitude de l’État, des églises et de la société en Allemagne, entre temps, de plus en plus sensible, défensive et conséquente envers les provocations de droite.
Pendant trop longtemps, la majorité de la société a laissé faire et tu la modification de l’espace public, induite par des populistes et des extrémistes de droite, de manière ciblée et bruyante, conduisant à la haine, la diffamation et la menace. Celui qui, en ce 9 novembre, déplore la haine antisémite d’hier mais se tait à propos de la haine contre les réfugiés et de l’antisémitisme d’aujourd’hui n’a pas compris le message de ceux qui ont survécu au 9 novembre 1938 et ensuite aux camps d’extermination des nazis allemands. Les survivants en tant que séismographes de la haine formulent jusqu’à ce jour le message suivant : Ne perdez pas de vue le résultat final et étouffez le mal dans son germe. »