Au sujet du 77e anniversaire de la libération d’Auschwitz et de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, qui seront célébrés demain, le vice-président exécutif du Comité international d’Auschwitz, Christoph Heubner, a souligné à Berlin ce qui suit :
« Lors du 77e anniversaire de la libération d’Auschwitz, qui sera célébré demain, les survivants d’Auschwitz honoreront dans le monde entier la mémoire de leurs familles assassinées qui, jusqu’à ce jour, sont restées dans les cendres d’Auschwitz. En même temps, les survivants portent leur regard sur le monde d’aujourd’hui et sont horrifiés de constater combien de fois, lors de manifestations, leur vécu et leurs souffrances sont minimisés et, y compris les symboles de cette douleur, sont utilisés abusivement. De même, les insultes antisémites et la boue corrosive déversée quotidiennement sur eux, entre autres, sur le réseau mondial, les perturbent profondément. C’est pourquoi il leur importe, notamment en cette journée commémorative, de remercier toutes les personnes et tous les groupes qui ne se contentent pas de commémorer les causes et les événements d’Auschwitz mais qui poursuivent également leur engagement en faveur de la démocratie et donnent ainsi espoir et courage aux survivants. Mais avant tout, les survivants placent leur espoir dans les jeunes qu’ils ont rencontrés lors de nombreux entretiens et auxquels ils ont transmis leur vécu. Aujourd’hui précisément, les jeunes ne doivent pas laisser seules les démocraties de l’Europe. »
Marian Turski, survivant d’Auschwitz et président du Comité international d’Auschwitz, a souligné à Varsovie ce qui suit :
« Quand bien même l’Europe a fait l’expérience de 80 années d’une paix relative après la libération d’Auschwitz et la fin de la Deuxième Guerre mondiale, beaucoup trop peu de ce que nous avions espéré, en tant que survivants des camps allemands de concentration et d’extermination, a été réalisé : l’antisémitisme s’incruste sans relâche dans la société, la discrimination et la marginalisation de minorités caractérisent encore la vie quotidienne et l’extrémisme de droite, et les théories conspirationnistes populistes conduisent à une agressivité, une haine et une violence nouvelles. Tout cela était pour nous inconcevable lors de notre délivrance des mains des nazis. Nous avons espéré l’avènement d’une nouvelle ère de tolérance et de paix comme l’ont formulé un grand nombre d’entre nous dans le Serment de Buchenwald. En outre, précisément en ces jours, le risque d’un conflit armé en Europe s’est dangereusement rapproché de nous. Nous sommes confrontés à une situation très semblable à celle des évènements et du déroulement de la crise de Cuba dans les années 60. Jadis, il y avait le risque d’une guerre. Nous, en tant que survivants d’Auschwitz, espérons avec tout notre courage et tout notre vécu que la crise actuelle pourra être réglée paisiblement, dans l’intérêt de toutes les nations concernées et pour le bien de l’humanité tout entière. »
