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Communiqué de presse du Comité international d'Auschwitz

11.12.2021

Mort de Carry van Lakerveld, ancienne vice-présidente néerlandaise du Comité international Auschwitz.

 
 
Carry van Lakerveld, ancienne vice-présidente néerlandaise du Comité international Auschwitz. Image : boomgeschiedenis.nl, CIA Berlin

Carry van Lakerveld, ancienne vice-présidente néerlandaise du Comité international Auschwitz. Image : boomgeschiedenis.nl, CIA Berlin

 

 

 

C'est avec tristesse et gratitude que le Comité international d'Auschwitz fait ses adieux à son ancienne vice-présidente néerlandaise Carry van Lakerveld, décédée à Amsterdam à l'âge de 83 ans.

Le CIA doit beaucoup à sa concision créative, à son humanité et à son insistance constructive : Carry van Lakerveld, historienne et vice-directrice du Musée historique de la ville d'Amsterdam pendant de nombreuses années, avait particulièrement à cœur la rencontre entre les survivants de la Shoah et les jeunes :

L'exposition "Afterwards its just a part of you", qu'elle a développée et dont elle a été la commissaire, a réuni des jeunes de toute l'Europe qui ont fait part de leurs impressions et de leurs expériences au mémorial d'Auschwitz-Birkenau et de leurs entretiens avec des survivants du camp. L'exposition - conçue par l'artiste hollandais Anton Versteegde - a été présentée avec succès entre 2000 et 2005 au Parlement européen à Bruxelles, à la maison Willy Brandt à Berlin et dans le bâtiment des Nations unies à New York, où le secrétaire général Kofi Annan l'a inaugurée avec son épouse Nane.

Carry van Lakerveld était étroitement liée à de nombreux survivants hollandais de la Shoah : De cet attachement est également née l'impressionnante exposition "Survivre à la vie", consacrée à l'œuvre artistique et littéraire de Ronnie Goldstein-von Cleef, survivante d'Auschwitz, et présentée en 2007 au Mémorial de la Résistance allemande à Berlin. Le catalogue de l'exposition consacrée à Ronnie Goldstein-van Cleef, présenté par Carry van Lakerveld, reste l'expression de son engagement artistique et politique.

Avec Max Arian, Carry van Lakerveld a représenté pendant de nombreuses années le Comité néerlandais d'Auschwitz au sein du Comité international d'Auschwitz et a développé les liens avec la Maison Anne Frank à Amsterdam.

 

Discours de Max Arian à la mémoire de Carry van Lakerveld 11 septembre 1938 - 7 décembre 2021

Notre génération dans sa jeunesse, dans les années 60 et 70, parla peut-être trop du futur. Dans les années 80 toutefois, le passé nous rattrapa : notre propre passé, la Seconde Guerre mondiale. Une petite dame âgée, gracile, Annetje Fels-Kupferschmidt, nous confronta très aimablement à ce fait. Elle réunit un certain nombre de personnes qu’elle aimait, dont Carry et moi-même. Nous nous rencontrâmes dans différents lieux : dans le bureau du maire, Ed. van Thijn, dans mon bureau au sein de la rédaction « De Groene Amsterdamer » et dans un lieu encore plus agréable : chez Bertje Leuw et Herbert Sarfatij.

Annetje était la présidente du Comité d’Auschwitz néerlandais, très estimée et aimée, et l’une des rares personnes ou peut-être la seule qui voyait que ces comités des camps, fondés par des survivants immédiatement après la guerre, conduisaient à une impasse. Les membres du comité, à l’origine uniquement des anciens détenus, vieillissaient, bientôt il n’y aurait plus de Comité d’Auschwitz néerlandais. C’est pourquoi Annetje rassembla un certain nombre de jeunes autour d’elle. « Des jeunes », pas vraiment, car je crois que nous avions tous autrefois environ cinquante ans mais, en tout cas, une génération entière nous séparait des membres du comité. La plupart d’entre nous étaient juifs, mais Carry aussi en faisait naturellement partie, elle se disait tout au moins « angejiddelt ».

Nous nous nommâmes modestement « Le groupe de soutien » (« De Steungroup ») mais nous étions réellement militants et nous intéressions également aux questions sociales. Quoi qu’il en soit, c’était le cas de Carry qui, au musée historique d’Amsterdam, conjointement avec Jeroen de Vries et d’autres, avait démontré qu’elle était capable de mettre en place des expositions d’originaux, marquantes et politiquement intéressantes, en avance sur leur temps, par exemple « Arm in de Gouden Eeuw » (Pauvre à l’âge d’or), « Allemaal Amsterdammers» (Ce sont tous des Amstellodamois), « Februaristaking », (La grève de février) et « Nederland tegen Apartheid », (Les Pays-Bas contre l’apartheid).

En outre, elle et son mari, Maurits Herben, avaient fondé, dans la rue Czaar Peterstraat, une galerie encore plus engagée « De Tor » (« Le scarabée ») dans laquelle ils présentèrent des expositions avec une multitude d’artistes, sur une multitude de thèmes : le recensement controversé de la population en 1970, les Sintés et les Roms, le magazine hebdomadaire « De Groene Amsterdammer » (« L’Amstellodamois vert »), le Chili après le putsch, le combat contre l’apartheid en Afrique du Sud, la guerre civile en Espagne, avec de nombreux dessins d’Opland et de nombreuses photos de Pieter Boersma. Ces expositions étaient actuelles, militantes, humoristiques et accessibles.

Mais à cette époque, c‘était déjà le passé de l’avenir. La rue Czaar Peterstraat fut en grande partie détruite, la galerie « De Tor » fut fermée, Carry elle-même avait déménagé dans un autre quartier d’Amsterdam, à Wittenburg, avec Maurits, Richard et leur fille Mirjam.

En tant que personne expérimentée, Carry était un grand enrichissement pour le Comité d’Auschwitz. J’ai pu en faire moi-même l’expérience car nous sommes devenus conjointement la représentation néerlandaise au sein du Comité international d’Auschwitz, l’une des premières tâches d’Annetje que nous avions reprise. Nous avons parcouru toute l’Europe, naturellement avec la voiture de Carry. La seule fois où j’ai conduit, nous nous sommes égarés et sommes arrivés presque trop tard à un enterrement.

Mais avec la voiture de Carry, nous filions de Berlin à Vienne, de Bruxelles à Auschwitz, de Rome à Francfort. C’était fascinant, émouvant, exaltant de rencontrer ces survivants des camps, âgés mais très affables. En raison de ses immenses connaissances linguistiques, Carry était naturellement une personnalité importante. Elle devint ainsi la vice-présidente du Comité international d’Auschwitz et développa de nombreuses idées, notamment pour des expositions.

Carry était la femme adéquate pour le renouveau, au sein du Mémorial d’Auschwitz, du pavillon hollandais dont le contenu avait quelque peu perdu de son acuité et était devenu obsolète. Sa coopération avec le designer, Victor Levie, aboutit à un superbe résultat auquel elle n’a malheureusement, à la fin, pas pu assister elle-même. Dans ce pavillon se trouve également un mur des noms des victimes néerlandaises, assassinées à Auschwitz. Lorsque Jacques Grishaver, le président du Comité d’Auschwitz néerlandais, constata à quel point le mur des noms répondait aux besoins de nombreuses personnes – observer les noms de très près, les photographier, les toucher – il lui vint l’idée du nouveau mémorial national des noms dont l’ouverture eut lieu, il y a deux mois dans la rue Weesperstraat, à Amsterdam.

Bertje Leuw et moi-même avons rendu visite à Carry pour l’en informer, à Muiden, dans la maison médicalisée dans laquelle elle habitait entre temps. Elle nous a accueillis très gentiment mais nous a à peine reconnus. Elle était devenue encore plus menue et plus petite qu’elle n’avait été et pouvait à peine marcher. Nous n’avons même pas pu lui parler du mur des noms ni même lui témoigner la reconnaissance qu’elle méritait indirectement pour ce mur. Désormais, j’espère y être un peu parvenu.

Max Arian                                    

(traduit de l’allemand par Michèle Gout)

 
 
 

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Christoph Heubner

vice-président du
Comité international d'Auschwitz
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