C’est avec une inquiétude croissante que les survivants d’Auschwitz observent la montée dramatique des attaques antisémites et d’extrême droite dans de nombreux pays européens. Qu’il s’agisse de la tentative d’attaquer ou de tuer des Juifs, comme à Halle ou Graz, d’une profanation de cimetière juif comme en décembre en Alsace ou – qu’il s’agisse comme maintenant à Oradour-sur-Glane – d’une attaque directe perpétrée contre l’une des plus importantes institutions de commémoration de la République française, dans laquelle, jusqu’à ce jour, la mémoire des citoyens français assassinés dans ce lieu par les SS est célébrée et qui fait prendre conscience aux visiteurs de la cruauté de l’occupation allemande : une fois passées l’indignation politique et les mesures immédiates annoncées, l’intérêt manifesté par la politique s’éteint et, avec lui également, l’intérêt de l’opinion publique.

À ce sujet, le vice-président exécutif du Comité international d’Auschwitz, Christoph Heubner, a souligné à Berlin ce qui suit :

« Les survivants d’Auschwitz sont de plus en plus préoccupés par le fait que, dans les sociétés européennes, les nouveaux défis lancés par l’extrémisme de droite et l’antisémitisme soient encore fortement minimisés et que de nombreuses forces des domaines de la politique, de la justice et de la police perçoivent comme un problème marginal la mouvance de la haine, dramatiquement modifiée et interconnectée au niveau international. Désormais, outre la mise en réseau à l’échelle internationale du travail de la police, il est nécessaire d’exercer une pression plus intense dans la poursuite des coupables, qui doit être perçue publiquement, et il est nécessaire de réaliser une poursuite juridique rapide et conséquente ainsi que le jugement des coupables. Les États européens persistent à laisser une bride trop lâche aux néonazis et aux extrémistes de droite et acceptent ainsi que ceux-ci puissent continuer à afficher des territoires qui leur sont propres et effrayer et terroriser les citoyens. Ces derniers jours précisément, peuplés d’incidents dans les différents pays, constituent désormais un signal à l’adresse de l’Europe pour raccourcir la bride. »