Au lendemain de l’échec complet pour cause d’ambition, d’opportunisme et de cécité politique des partis démocrates en Thuringe, dans le débat avec l’extrémisme de droite présent au parlement régional, on ne peut que constater l’immense perte de réputation et de crédibilité, bien au-delà des frontières allemandes, causée par les hommes politiques et nuisant à la démocratie.

À ce sujet, le vice-président exécutif du Comité international d’Auschwitz, Christoph Heubner, a souligné, à Berlin, ce qui suit :

« En juin 2018, j’ai fait la connaissance de Monsieur Mohring (chef de file de la CDU en Thuringe) lors de sa visite au Mémorial d’Auschwitz et lors de l’entretien au sein du Centre international de rencontre pour la jeunesse à Auschwitz ; il m’est apparu comme un homme politique intègre et crédible. Nous étions d’accord sur le fait que, précisément en ces temps-ci, partout en Europe, les partis démocratiques se devaient de lutter ensemble contre les groupements d’extrême droite et de protéger la démocratie contre ceux qui veulent sans cesse la vider de sa substance. Monsieur Mohring, s’il se prend lui-même au sérieux, ne peut que montrer la porte au parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (Alternativ für Deutschland, AfD) et ne doit jamais, au grand jamais, gouverner avec un ministre-président dont l’instinct du pouvoir et l’ambition ont été canalisés par l’AfD.

Le parti libéral démocrate FDP (Freie Demokratische Partei) a un immense problème, celui qui consiste à regagner crédibilité et confiance auprès des électeurs : si Monsieur Lindner (président du FDP) était au courant des réflexions tacticiennes pour la conquête du pouvoir et les a approuvées, alors, en tant que président d’un parti libéral, il doit démissionner. S’il n’a pas participé à ces réflexions, alors il doit exclure Monsieur Kemmerich du FDP en raison du comportement nuisible de ce dernier pour le parti. Le flanc très à droite du FDP est de nouveau très largement béant. En ce premier jour après la débâcle en Thuringe, il est important de se remémorer les grandes figures nazies qui, dans la jeune République fédérale d’Allemagne, avaient trouvé leur patrie politique précisément au sein du FDP. »